23 déc. 2016

GESTION DE LA TREVE HIVERNALE - CONSEILS

La trêve hivernale arrive et il convient d'avoir un peu de méthode à l'approche de cette période nécessaire à gérer pour chaque entraîneur/préparateur physique, période faisant partie intégrante du projet de planification. On remarque qu'une telle période mal gérée peut s'avérer désastreuse pour les performances de l'équipe. 

Il faut penser à avoir une réflexion sur tous les aspects de la performance : récupération (méthodes et outils), préparation physique (date de reprise, nombre de jours de préparation avant le 1er match, contenus de la préparation physique, facteurs à développer ou à maintenir pendant la période de prépa, etc...), relations humaines (entretiens individuels, bilan mi-saison avec chaque joueur, relation-staff, cohésion de groupe), bilan technico-tactique (analyse de l'observation des adversaires sur les matchs allers, analyse du jeu de son équipe, etc...).

Conseils généraux

En effet, la période de repos de la trêve hivernale est parfois un moment propice pour les joueurs à la prise de poids et au relâchement total sur le plan sportif mais aussi nutritionnel. Aussi, il est nécessaire, aujourd'hui, pour un sportif professionnel de se préparer un peu avant la reprise du championnat, et même avant la reprise collective avec l'équipe de son club d'appartenance, en maintenant un niveau d'activité empêchant la chute des performances physiologiques.

Alors qu'il est absolument nécessaire de recharger les batteries en coupant avec l'activité professionnelle et en changeant son quotidien, il est aussi essentiel de ne pas abuser d'une mauvaise hygiène de vie (alimentation, sommeil, activité sportive) pour un joueur professionnel. 



Il est simplement préconisé de bien se reposer et de couper pendant 5-6 jours sans abuser des repas copieux et gras, et sans abuser des boissons trop sucrées et alcoolisées. Après ce repos, il est nécessaire de conserver une activité sportive régulière, d'être éventuellement pris en charge par un préparateur physique individuel (en lien avec le club d'appartenance du joueur), ou de fréquenter une salle de remise en forme en étant accompagné par un coach.

Le travail à réaliser et les objectifs à atteindre peuvent être synthétisés comme suit, et peuvent paraître évident, tout de même il est nécessaire de les préciser : 



1 - Ne pas permettre ou limiter la prise de poids (pas plus de 2 kg pendant la coupure intersaison, pas plus de 1 kg à la trêve des confiseurs) et être vigilant sur l'alimentation (pas d'excès gras/sucre/alcool)

2 - Se reposer et se régénérer pour augmenter son capital énergie (repos, sommeil, sieste, étirements, relaxation, massage, piscine, hammam/sauna, etc...)

3 - Gagner en fraîcheur mental (coupure totale avec le football, activité dérivative, sophrologie)

4 - Limiter la perte musculaire en maintenant un renforcement musculaire régulier et équilibré (circuit training agoniste/antagoniste)

5 - Entretenir l'explosivité dans tous les régimes de contraction (montée d'escalier, séance de démarrage/force-vitesse, pliométrie...)

6 - Maintenir un niveau minimum d'endurance (travail aérobie avec vélo, cardio-training, course à pieds, rameur, etc..)

Autres exemples de programme :



Gestion de la trêve hivernale - article de Florian FOSSET (centre de formation du HAC)

17 déc. 2016

A LA DECOUVERTE D'ARNAUD LESSERTEUR - PA ASNL

Je vous présente un préparateur athlétique, et c'est suffisamment rare pour le dire, qui est depuis 15 ans dans le même club, à l'ASNL. C'est Arnaud LESSERTEUR qui nous fait le plaisir de partager un moment avant une séance d'entraînement pour échanger sur les contours et sa philosophie de la préparation athlétique. Un préparateur physique que j'ai eu la chance de côtoyer lors de notre formation du CEPA à la FFF avec Fred AUBERT.
  
Peux-tu te présenter et décrire ton parcours jusque-là ? (parcours scolaire, diplômes, expériences professionnelles...).
Après un parcours staps, j'ai également passé mes diplômes fédéraux et un Diplôme Universitaire en préparation physique à Dijon puis j'ai finalement passé le Certificat d'Entraîneur Préparateur Athlétique à la FFF avec Fred AUBERT. J'ai entraîné très tôt des équipes, et pendant 5 ans je me suis investi dans l'athlétisme (à Reims) puis je suis revenu au football. Je suis rentré en 2002, stagiaire en PA sur le centre de formation tout en donnant un coup de main à la préformation en tant qu'entraîneur football. Puis je suis passé sur le staff pro en 2005 sur la PA.

Quelles sont les missions, la place et le rôle du préparateur physique dans un club professionnel, auprès d'une équipe pro ?
Je me place comme une aide pour le coach principal, faciliter son travail, en collaborant, en prenant en charge ma partie spécifique PA. Cela nécessite beaucoup d'échanges, de dialogue, je cherche à fondre au mieux la PA dans le projet global.

Suite à tes nombreuses années dans le même club en tant que PA, comment as-tu pu développer certains aspects de préparation physique dans ton club (structurel, matériel, humains, etc...) ?
Je suis depuis longtemps dans le même club et en même temps avec le même coach. Je suis force de proposition forcément car on a le temps d'insister pour faire évoluer les choses. La venue d'un 2ème préparateur physique par exemple en 2008/2009 pour le centre de formation a été en ce sens une vraie volonté que j'ai défendu. Structurer la PA chez les jeunes était nécessaire. Le fait de rester dans le club m'a permis de convaincre les dirigeants.

Peux-tu nous dire comment organises-tu le suivi de la charge hebdomadaire ? Quelles méthodes utilises-tu ?
Je pense que le plus important c'est de bien connaître les joueurs, d'établir une relation de confiance qui facilite le retour d'information de leur part. Les connaître sur le plan sportif, humain, et relationnel est absolument indispensable afin d'avoir un regard singulier sur chacun. Je ne quantifie pas que la charge à partir de l'ordinateur (volume/intensité) avec des données quantifiables. Tous les éléments subjectifs liés à la singularité de l'individu sont à prendre en compte. J'ai essayé plusieurs méthodes et outils technologiques, mais le ressenti, la confiance des joueurs envers le PA et l'écoute sont essentiels. Ce sont des informations qui constituent une bonne base pour ajuster la charge.

"...le ressenti, la confiance des joueurs 
envers le PA et l'écoute sont essentiels."

Quelle est la place de la méthode intégrée dans l'agencement de tes contenus hebdomadaires ?
Il n'y pas une place spécifique dans notre approche. C'est fonction du moment. En début de saison, pendant la période de préparation, c'est plutôt le travail dissocié qui prédomine. Ensuite, dès le début de la compétition, la part du travail intégré augmente. Elle vient faire tampon avec le travail dissocié.

Quel est le dispositif d'évaluation que tu mets en place au club sur l'équipe pro ?
Sur le plan collectif, je mets en place un test VMA à la reprise, le test de 5 min. 
A partir de là, je ne fais pas d'autres tests athlétiques. Les séances sont pour moi de bons indicateurs. Pour évaluer un niveau de forme, je peux tester un joueur ou un groupe de joueur. Après c'est dépendant des besoins de chaque joueur. Si c'est nécessaire de faire un bilan musculaire, les tests sur Biodex sont programmés, mais c'est individuel. On ne généralise pas.

Aujourd'hui, beaucoup d'entraîneurs et de PA parlent d'individualisation. Comment individualiser dans un sport collectif ? 
C'est le nerf de la guerre. C'est l'ambition du PA de faire progresser ses joueurs individuellement, par rapport à ses besoins, son temps de jeu, ses qualités, etc...mais ce n'est pas toujours faisable vu le calendrier ! Dans ce sens, il est indispensable de faire un travail de qualité et individualisé à la formation.

Quelle est la dynamique de charge de la semaine ?
La dynamique est variable selon la programmation des matchs. Si c'est une semaine avec un intervalle d'une semaine entre 2 matchs, alors :

Exemple type avec match le samedi : 

Dimanche : Repos (sauf pour les blessés qui ont les soins)
Lundi : Séance de reprise de semaine
Mardi/mercredi : 2 jours à fort impact
Jeudi : jour de décharge (séance tactique)
Vendredi : séance veille de match
A J+1 : coupure complète le lendemain de match (sauf si on joue le samedi et qu'on rejoue le vendredi suivant = alors on reprend dès le lendemain).


Que penses-tu des cellules performance qui se mettent en place dans certains clubs ?
C'est une nouveauté qui est intéressante, après ça dépend qui la compose (doc ? kiné ? PA ? scientifiques ?..), quels sont les missions et son champ d'action, et comment elle est organisée ?
Si il y a une alchimie entre le côté scientifique, théorique, analyse des données et le côté terrain alors c'est tout à fait enrichissant et sans doute constructif. Combiner les deux aspects à bon escient pour servir le projet global de l'équipe, ça ne peut être que positif !

Comment vois-tu la préparation physique dans 10 ans ?
Elle sera sans doute de plus en plus technologique et ce sera sûrement intéressant, toutefois il faudra garder absolument le lien avec les joueurs, le contact humain, la relation avec les joueurs au plus près.

UN GRAND MERCI A ARNAUD DE M'AVOIR ACCORDE CETTE INTERVIEW  !
BONNE FIN DE SAISON AVEC LE MAINTIEN A LA CLÉ !!!!

http://www.asnl.net/1/accueil

20 sept. 2016

PROPOSITION D'INDIVIDUALISATION ET MÉTHODES DE MUSCULATION CHEZ LES JEUNES - Florian FOSSET

Dans la suite du précédent article, Florian FOSSET, préparateur athlétique au centre de formation du HAC, nous fait part d'exemples concrets proposés aux jeunes joueurs du centre.

Les premiers progrès en musculation sont d'ordres nerveux et de coordination intra et intermusculaire (notion de programmation motrice). Pour progresser il faut sans cesse surprendre l'organisme, il est nécessaire de lui procurer des sensations nouvelles et les modes d'actions musculaire en sont une très bonne alternative. 

MÉTHODES COMBINATOIRES
Il existe pour cela donc toutes les méthodes isométriques tels que l'iso total, le stato dynamique, les méthodes concentriques, l'excentrique super lent à poids de corps, la pliométrie horizontale (puis une pliométrie verticale basse et moyenne). On peut y ajouter également les méthodes combinatoires (développé par Norbert KRANTZ) qui sont très intéressantes chez les jeunes et qui a pou but de combiner les processus cognitifs à un renforcement musculaire. Cela vient d'une recherche d'entrainement fonctionnel respectant certaines exigences biomécaniques et spécifiques des sportifs dans leurs disciplines. 
Voici 5 facteurs de coordination motrice pour modifier l'exercice traditionnel en exercice combinatoire : Orientation/réactivité/dissociation/rythmicité/équilibre. Toutefois, il est nécessaire de préciser qu'il faut être extrêmement vigilant quant à la bonne réalisation du mouvement de musculation avant de le combiner à une autre tâche motrice plus complexe.
Il s'agit avec cette méthode d'associer des problématique de coordination à des exercices de renforcement.

QUAND ? 
Il convient de travailler cette méthode chez les jeunes et les débutants, en début de préparation (et en réathlétisation). Il faut toutefois privilégier un exercice et non une séance entière sur cette méthode.

EXEMPLES :
 - Banc IJ (Leg Curl) + Tirage ou extension bras (notion de point d'ancrage lombo pelvien)
- Chaise romaine (relever buste) + flexion genou 1 jambe



L'INDIVIDUALISATION
L'individualisation démarre donc dans la prise en compte de l'âge, de la morphologie, du niveau d'expertise en préparation physique du jeune joueur, mais l'individualisation de ne s'arrête pas à ces aspects là. L'individualisation se fait également par rapport au profil moteur du jeune ainsi qu'au poste occupé sur le terrain. On arrive à identifier des jeunes plutôt aérien ou terrien, après un profilage long et méthodique, permettant de développer les points forts/faibles. Des exercices différents pourront être proposés en fonction du registre aérien (en pied) ou terrien (en cuisse) afin de prendre en compte leur profil moteur.



L'individualisation de la musculation est aussi fonction de la spécificité de la discipline et notamment du poste du joueur sur le terrain. On sait notamment qu'en fonction des postes occupés sur le terrain, les joueurs n'effectuent pas les mêmes actions et efforts. On pourra donc orienter nos séances de musculation selon le type d'efforts fournis au poste (verticalité et/ou horizontalité - explosivité et/ou puissance...).






Proposition de programmation sur 6 semaines chez des U19 novices en musculation

En bleu : séances dans la thématique du cycle de 6 semaines

Un grand merci à Florian FOSSET pour sa contribution généreuse. Bonne saison !!!

5 août 2016

L’INTÉRÊT DE LA MUSUCLATION CHEZ LES JEUNES par Florian FOSSET (centre de formation du HAC)

Je vous présente Florian FOSSET, préparateur physique au centre de formation du HAC depuis Septembre 2014. Titulaire d'une maitrise STAPS entraînement obtenu à Dijon et du Diplôme Universitaire de préparation physique Gilles Cometti.

Florian se spécialise dans la préparation physique en commençant ses études universitaires à l'UFR STAPS de Dijon. Il intègre par la suite le CEP lors de sa 2ème année de formation du DUPP, où il a en charge notamment les cadets France de la JDA Dijon (Basket-ball) et intervient en collaboration également sur les espoirs de la JDA. Parallèlement, il intervient également dans un club de régional de Handball (Chevigny St-Sauveur) sur les jeunes avec comme mission l'initiation à la musculation et à la préparation physique.

Spécialisé dans le football à l'origine, il a beaucoup appris de cette approche pluridisciplinaire que j'ai pu avoir. Et c'est à l'été 2014 qu'il a pris la direction du Havre pour exercer sa passion.

Du à sa formation tournée autour de la conception de "Gilles Cometti", il est très sensible à l' approche qualitative de l'entraînement et donc de l'intérêt de la musculation dans le développement des qualités physiques chez les sportifs et notamment chez les jeunes. Il nous fait part de quelques idées qui peuvent ressortir : 

"L'apport de la musculation chez les jeunes doit suivre une logique progressive et individualisée par rapport à la maturité des sportifs"

Voici une liste non exhaustive de l'intérêt de la musculation chez les jeunes
- développement des qualités physiques (coordination, force, vitesse, souplesse, endurance)
- prévention des blessures et de toutes traumatologies liés à la discipline
- améliore la santé musculo-squelettique des sportifs
- améliore les habiletés spécifiques de vos joueurs
- sensibilise aux mesures de sécurité et de protection
- optimise le niveau de performance des sportifs
- permet l'évaluation des sportifs

L'apport de la musculation dans nos procédés d'entraînement chez les jeunes doit suivre une logique progressive et individualisée par rapport à la maturité des sportifs ; dans sa conception comme dans sa mise en place. Il est donc préférable de concevoir l'entraînement en musculation chez les jeunes à long terme tout au long de la croissance du jeune.

Il existe un repère biologique qui est identifiable par la mesure de la taille, c'est le pic de croissance lors de la puberté. A partir de ce pic on va pouvoir plus ou moins programmer en amont et en aval les orientations en musculation. Attention, nous ne sommes pas tous égaux quant à l'arrivée de ce pic de croissance (âge, sexe), c'est pourquoi il faudra certainement considérer les intervalles d'âges donnés comme approximatif et non comme un repère immobile.

Avant 12 ans, on parle plus de renforcement musculaire que de musculation pure. Inutile de consacrer une séance entière ou même une partie de séance à du renforcement musculaire. La discipline sportive doit consacrer toute notre attention et si l'on souhaite une approche en renforcement elle doit se faire sous forme intégrée par le biais de nos jeux d'entraînement.

De 12 à 14 ans lors de la pré-puberté, nous insisterons sur les éducatifs posturaux et sur l'apprentissage technique (exécution, respiration,...). Nous utiliserons des modes de contraction notamment statique ou concentrique très lent (à poids de corps) sur les gros groupes musculaires et pluri-articulaires de préférence (respect de l'équilibre agoniste - antagoniste). L'objectif premier sera d'assimiler les éducatifs puis en second lieu de renforcer ces muscles effecteurs ainsi que les muscles stabilisateurs. Ceci peut-être fait sous forme de parcours ou de circuit. Les temps de récupération seront suffisants de manière à induire que très peu de fatigue locale et ainsi d'avoir une aisance dans l'exécution. L'accent du travail doit être mis sur le gainage et la proprioception.
Durant cette période, le travail de vitesse par la réactivité, la fréquence gestuelle du mouvement spécifique qu'il ne faudra pas négliger.

"...lors de la pré-puberté, nous insisterons sur les éducatifs posturaux et sur l'apprentissage technique..."

De 14 à 17 ans, c'est la période de puberté, c'est ici que l'on doit identifier le pic de croissance de nos jeune et que l'on peut commencer le travail de musculation pure (charges additionnelles, machine de musculation, etc...) environ 6 mois à 1 an après ce pic, c'est le repère. Attention à bien prendre en compte la maturité individuelle des jeunes car l'augmentation rapide de la taille ne s'accompagne pas systématiquement d'un système musculaire adéquat. 

"Attention à bien prendre en compte la maturité individuelle des jeunes"

De 17 ans et plus, c'est la période post puberté. Nous pouvons tout faire en repsectant un modèle linéaire dans la programmation. De l'hypertrophie, à la force puissance jusqu'à la force maximale, tout peut être développé en respectant tout de même le niveau d'expertise des jeunes en musculation, car il ne faut pas oublier que le niveau d'expertise dans une APS est souvent différent du niveau d'expertise en préparation physique.

Reportage sur le centre de formation du HAC : Havre de foot

1 juin 2016

LA PRÉPARATION PHYSIQUE CHEZ LES JEUNES : ENTRE APPRENTISSAGE ET DEVELOPPEMENT

LE PARCOURS DU JEUNE SPORTIF 

La préparation physique chez les jeunes est devenue essentielle pour tout sportif qui s'inscrit dans une formation vers le haut niveau, dans un parcours d'excellence sportive. La filière sport-étude, section sportive Elite ou Pôle, avec cinq à six séances par semaine montre l'importance d'une bonne gestion de la charge et du travail en préparation physique à effectuer pour mieux assimiler les charges d'entraînement. Les volumes d'entraînement entre 12 et 15 ans sur une filière d'accès à haut niveau varient entre 12 et 20 heures par semaine, avec une part belle au spécifique lié à sa discipline sportive et un pourcentage non négligeable sur le registre athlétique et du développement moteur. Le développement des registres de la préparation physique est donc absolument nécessaire afin d'optimiser les qualités physiques du jeunes et ainsi lui permettre de réussir dans sa discipline, dans son projet sportif.

La préparation physique chez le jeune, entre 12 et 16 ans, est un élément essentiel du développement moteur et harmonieux pour le joueur. Omettre ce travail, c'est tout simplement oublier, comme le sport moderne et le haut niveau, requiert des charges d'entraînement importantes, des conditions physiques élevées et exige une préparation optimale pour tenir toute la saison et éviter les blessures.

LES CARACTÉRISTIQUES DU JEUNE

Toutefois, il ne faut pas partir tête baissée et vouloir développer tout azimuts le jeune joueur sans se préoccuper des postures et des apprentissages moteurs préalables au développement de toutes qualités physiques. Il faut donc être vigilant sur de nombreux aspects et prendre en compte la dimension "mutation morphologique" du jeune et ses caractéristiques. 

Voici en quelques points, les caractéristiques du jeune, dans sa période sensible :
- période pré-pubère : de 10 ans à la puberté
- période puberté : 11-14 chez les filles / 12-15 ans chez les garçons
- pic pubertaire : correspond à une période de fragilité (risque de surménage)
             -filles : pic de croissance à 12 ans à +/- 1 an 
             -garçons : pic de croissance à 14 ans
- Mutation morphologique (+ 10 cm/+ 10 kg par an) à la puberté = perturbation du schéma corporel/fragilité
- Grande variabilité inter-individuelle dans le développement morphologique : écart morphologique important (jusqu'à 35 cm / 35 kg d'écart pour certains U13/U15)
- Age biologique différent d'âge chronologique : "un enfant qui a un âge chronologique (civil) de 12 ans peut, sur le plan biologique avoir entre 9 et 15 ans" (Borms, 1986). = importance de l'éducation à l'individualisation du travail athlétique
- Vigilance quant à la spécialisation précoce (peut amener à des effets négatifs sur le plan émotionnel et psychologique ; cf : DLTA, Balyi et allo. 2005).
- Vigilance sur le volume d'entraînement et les risques de pathologies (Sever, Osgood-Schlater...) mais aussi sur la surface de jeu et l'équipement du joueur (semelle, chaussure, etc...)
- Maturation du système vestibulaire et des organes sensoriels en période pré-pubère
- La force (avec charges additionnelles) pourra être développée dans la période un an après le pic de croissance (période favorable)

LES REGISTRES DE LA PRÉPARATION PHYSIQUE A DÉVELOPPER CHEZ LE JEUNE

Le jeune joueur, dans sa construction d'athlète, ne doit négliger aucune composante de la performance et des qualités physiques. Il a besoin d'un haut niveau de coordination motrice pour pouvoir s'exprimer totalement dans le football et utiliser toute la panoplie de gestes du footballeur, de force pour lutter, s'opposer et vaincre dans le duel, de vitesse et de vivacité pour surprendre par ses déplacements, et d'endurance pour répéter les efforts.

La coordination motrice, développée précocement, aura donc pour intérêt de favoriser les apprentissages techniques et les apprentissages moteurs. Que ce soit la latéralisation, la dissociation segmentaire, la rythmicité, l'orientation spatiale ou l'équilibre, ce sont autant de facteurs à travailler et à solliciter tout au long du parcours du jeune sportif.

Le développement de l'aérobie est essentiel pour améliorer la capacité à réitérer des efforts, à supporter les charges d'entraînement en vue d'optimiser ses capacités cardio-pulmonaires.

La force, dans un souci d'harmonisation du corps et d'équilibre agoniste/antagoniste, permettra d'améliorer l'explosivité et la puissance, réduira le risque de blessure et révélera son potentiel athlétique.

La vitesse/vivacité, qualité phare dans de nombreux sports, à travers la vitesse de réaction et la fréquence gestuelle entre autre, permettra au jeune de faire des différences et de pouvoir s'exprimer dans le haut niveau.



L'apprentissage distribué semble être le meilleur moyen de développer au long cours les qualités physiques chez le jeune, en travaillant régulièrement chaque qualité physique. Voici une proposition de l'agencement des contenus PA dans un microcyle de compétition chez le jeune footballeur.



Bibliographie


-Physiologie de l’exercice chez l’enfant -Thomas W. Rolwand - Ed : de Boeck
-Musculation pour l’enfant et l’adolescent - O. PAULY - Ed : Amphora
-Le suivi de la croissance : un aspect important du développement à long terme du participant/athlète  - Istvan Balyi et Richard Way 

4 mai 2016

INTERVIEW ALEXANDRE MARLES - SPORT SCIENTIST

Aujourd'hui, je partage avec vous l'interview d'un préparateur physique déjà réputé (au regard de son âge) qui nous fait le plaisir d'échanger sur son parcours, sa vision. Chef d'entreprise, formateur, préparateur physique, consultant, Alexandre MARLES a notamment été Responsable de la Performance au PSG, puis à l'OL après avoir eu des missions à la DTN de la FFF auprès des équipes de France jeunes, de la cellule scientifique de recherche en préparation physique et sur les formations de cadres. Personnellement, je l'ai d'ailleurs eu en tant que formateur au DEF (Diplôme d'Entraîneur de Fooball) en 2013 sur la préparation physique et notamment l'approche intégrée et la quantification de la charge sur les jeux. C'est un plaisir de vous faire partager son interview.

Peux-tu te présenter et décrire ton parcours jusque-là ? (parcours scolaire, diplômes, expériences professionnelles...).
J'ai 36 ans, et après des études universitaires (Master 2 en sciences et ingénierie du sport, DEA en physiologie et biomécanique de l'homme en mouvement et un doctorat en physiologie et biomécanique). J'ai également de nombreux diplômes et certifications en préparation physique, préparation mentale, analyse vidéo, j'ai participé à des études scientifiques qui ont été publiées et à de nombreuses conférences en tant qu'intervenant. Après mon expérience à la Fédération Française de Football (cellule recherche, formateur, préparateur physique des Equipes de France), je suis arrivé en tant que Directeur du département Performance au PSG pour la saison 2013/2014 puis sur le même poste à l'Olympique Lyonnais sur la période 2014/ fév 2016.

Pour plus de détails et en savoir plus : 

Quelles sont les qualités nécessaires pour être un préparateur physique ? Quelle qualité recherches-tu chez un préparateur physique?
Une bonne connaissance de la discipline dans laquelle il exerce, des qualités de réflexion, d'organisation et d'adaptation ; et bien entendu une relation de confiance.

Quelles sont les qualités athlétiques exigées au haut niveau pour un footballeur professionnel ?
Au delà des qualités techniques et de l'intelligence de jeu qui font aujourd'hui la différence entre un bon et un très bon joueur, la qualité physique principale est la qualité des premiers appuis (mise en action, accélération) et la faculté de répéter ce type d'effort à haute intensité. Pour le reste des qualités physiques, tous les joueurs de bon niveau possèdent les qualités requises.

Quelles sont les missions, la place et le rôle d'un responsable de la performance dans un club professionnel ? Comment s'organise une cellule de la performance ? Peux-tu modéliser la cellule (ou département) de la performance d'un club professionnel ?
On parle de Directeur de la Performance / Sport Scientist (à l'étranger) : 
La cellule performance est entre le staff technique et le staff médical.
Il n'existe pas vraiment de fiche de poste de Directeur de la Performance en France. 

Un Sport Scientist est chargé de : 
- la préparation physique
- la prévention des blessures
- la réathlétisation
- l'analyse de données
- la nutrition
- la veille scientifique sur les dernières techniques performantes

Le Sport Scientist : 
- doit faire le lien avec le médical
- a un rôle de coordination de son propre staff (préparateurs physiques, analystes de données, vidéo...)
- gère les achats et investissements de matériels et de produits nécessaire à la mise en place du process de performance 
- a un rôle de formation vis à vis des personnes qu'il encadre et aussi des structures rattachées

Au niveau formation et profil, le Sport Scientist possède en général : 
- un doctorat en physiologie
- plusieurs diplômes ou certifications permettant d'exercer l'ensemble de ses missions
- a un très bon niveau en anglais pour comprendre la littérature scientifique et échanger avec les collègues d'autres pays

La préparation physique a beaucoup évolué ces dernières années, que penses-tu de l’organisation de la PA en football en France, dans les clubs professionnels notamment? Quels seraient les axes d’amélioration ? Comment optimiser la préparation physique dans le club ?
En France il y a de très bons préparateurs physiques dans les clubs, il manque seulement de moyens humains (assistants) et financiers.

Selon toi, quels seraient les tests physiques de terrain incontournables de début de saison pour un joueur de football que le PA devrait mettre en place ?
Il est inutile de faire trop de test car le niveau du joueur va très vite évoluer. 
J'indiquerai les tests suivants :  Masse, Masse Grasse, Test Isocinétique, Test 30/15

Comment, selon toi, faut-il organiser et placer les contenus PA dans le microcyle de compétition ? quelle dynamique de charge sur un microcyle de compétition entre 2 matchs à 7 jours ? à 3 jours ?
Voilà le modèle que je propose : 





Aujourd’hui, beaucoup d’entraîneurs et de PA parlent d’individualisation. Comment individualiser dans un sport collectif ? jusqu’à quel point ?
Il faut individualiser le travail préventif (en fonction des ancienne pathologies) et le travail de renforcement musculaire (en fonction de déficit ou besoins).
Sur le terrain en sport collectif, il faut davantage indvidualiser le travail en fonction du poste de jeu et aussi des qualités des joueurs.

Pour le PA, le suivi de la charge est un élément important. Comment s’organiser pour le suivi de la charge d’entraînement ? Quelles méthodes ?
Tout dépend des moyens humains et financiers. Les anciennes méthodes (durée d'entraînement, niveau d'intensité de la séance, RPE...) fonctionnent très bien à condition d'avoir un vrai échange avec les joueurs. Si on a plus de budget, avec un bon outil de tracking, on peut suivre plus d'indicateur en direct et ajuster en temps réel le travail demandé.

Beaucoup de clubs réalisent des séances à J+ 1. Qu’en penses-tu ? Se justifie-t-elle ?
Tout dépend des habitudes du coach et des joueurs, il y a des avantage mais peut être plus d'inconvénients.

Que peut mettre en œuvre le PA lors de longs déplacements sur des matchs à l’extérieur ? Exemple : équipe de niveau National, 5h de déplacement, match le vendredi soir à 20H.
Il faut bien gérer le transport (pause de 20 min toutes les 1h30 à 2h) et aussi bien caler la collation et les repas.

Quel est l’apport des nouvelles technologies dans l’entrainement ? Comment le PA peut-il s’en servir ?
Il y a de nombreuses technologies sur le marché et à tous les prix. Le problème numéro 1 reste la fiabilité des outils, parfois il vaut mieux ne rien acheter que d'avoir des fausses données !
Dans le cas d'un outil de qualité, il faut pouvoir se dégager du temps pour se faire former et ou faire appel à une aide à l'intérieur ou à l'extérieur du club.

Que t’ont apporté tes expériences sur la préparation physique dans d’autres sports ?
A la fois dans d'autres sports et aussi dans d'autres pays : une autre mentalité et une autre vision des choses. En France, on critique tout et surtout on continue de croire que ce qui se faisait en 1980 est toujours d'actualité ! Il y a beaucoup de choses à conserver de ce qui se faisait par le passé, mais il faut aussi comprendre aujourd'hui les nouvelles contraintes des disciplines sportives (plus de matchs, plus d'intensité, moins de temps de récupération...). A l'étranger, on réfléchit davantage, on teste et on y met les moyens. La culture et les problématiques des autres sports sont aussi intéressantes pour faire évoluer certaines techniques et méthodes de travail.

Merci Alexandre pour le partage, et bonne continuation au plus haut niveau.

13 avr. 2016

INTERVIEW (2) DE SÉBASTIEN RENAUD - PRÉPARATEUR PHYSIQUE DU CENTRE DE FORMATION ESTAC

Suite de l'interview....

Quelles sont les qualités athlétiques nécessaires exigées au haut niveau, pour devenir footballeur professionnel ?
A l’extrême je dirais aucune ! Je m’explique : Si tu es monstrueux techniquement et tactiquement, tu peux devenir un joueur de classe mondiale. Pirlo, Xavi sont-ils des monstres physiques ? Endurant moyenne, Vitesse de course faible, Puissance/Impact très faible et pourtant quels joueurs !! Cela reste des exceptions mais cela montre que c’est possible sans qualités athlétiques.
En revanche, ils démontrent d’autres qualités de vitesse hors du commun : vitesse du ballon, vitesse de prise d’information.
Sinon on peut être joueur professionnel sur une qualité forte : Vitesse, Puissance ou endurance.

Par contre, plus on monte de niveau, plus on doit être capable de répéter sa qualité forte.

Quelles sont les particularités dans l’approche de la préparation physique avec les jeunes ?
C’est surtout le fait que l’on cherche à développer des qualités sur plusieurs années. Notre priorité numéro 1 est la progression de l’individu dans parcours de formation. Ici, le résultat du week-end n’est qu’un élément de processus de formation. L’important étant qu’il exploite au maximum son potentiel, qu’il grandisse en tant que personne.
Pour cela, on essaie de déceler très vite ses forces, ses faiblesses tant sur le plan physique que technique et mental. Et on place dans son plan de formation, des contenus additionnels ou spécifiques pour qu’il puisse progresser au mieux.

"...on place dans son plan de formation des contenus additionnels ou spécifiques pour qu'il puisse progresser au mieux."


Comment t’organises-tu pour le suivi de la charge d’entraînement ? Quelle méthode utilises-tu ?
J’ai essayé plusieurs outils pour essayer de quantifier l’entrainement ces dernières années sans avoir avoir une réelle continuité ce qui est très gênant.
J’ai d’abord essayé de créer un outil perso (une macro Excel sur ordinateur que le joueur devait remplir) mais la mise en place était difficile. Ensuite j’ai essayé l’Application Qtest : Les joueurs remplissent et saisissent leur RPE (Rate Perceived Exertion) sur la séance mais je trouve le recueil des données assez faible et contraignant.
Cette année, j’ai eu accès à la plateforme TrainingLoadPro pendant 6 mois avant que le club arrête la collaboration avec cette société par rapport aux professionnels ou j’ai découvert un très bon outil qui permet de bien suivre la charge d’entrainement de l’équipe, individuelle et surveille plusieurs marqueurs (sommeil, humeur, sensations etc.…) qui est très enrichissant et complémentaire.

Maintenant j’utilise MyCoachRPE qui est assez similaire mais un cran en dessous dans l’analyse et l’aide à la décision.
Mais le plus important n’est pas l’outil seule mais la façon d’agencer les semaines de travail, leur programmation et leur régulation. Nous croyons que le match ne doit pas être la « séance » la plus difficile de la semaine. En programmant des séances plus dures que les matchs nous pensons que le joueur se retrouvera dans les capacités physiques de l’appréhender sans souci et lui permettra de plus se concentrer sur les aspects technico-tactiques. Nous organisons donc notre semaine ainsi : (voir ci-dessous).

"Nous croyons que le match ne doit pas être                                    la séance la plus difficile de la semaine"

Que penses-tu de la méthode intégrée ?
J’en pense le plus grand bien. On forme des footballeurs pas des marathoniens ni même des sprinters. Je pense que si on peut intégrer une approche technique ou tactique en rapport avec l’objectif de travail alors il faut le faire. En revanche je ne suis pas pour le « tout intégré », surtout chez les jeunes. Nous avons fait le pari du tout intégré un temps et nous en avons vu les limites. Le moindre effort sans ballon devient très difficile et les joueurs perdent le gout de l’effort.
Le travail dissocié apporte des valeurs mentales qu’il ne faut pas sous-estimer.

Je sais que vous utilisez l’approche par préférence motrice, peux-tu brièvement nous en parler ?
C’est une approche qui permet de repérer la motricité de l’athlète à travers l’observation et quelques testings comportementaux. C’est une méthode développé par Cyrille Gindre (www.volodalen.com) que j’ai connu il y a 10 ans à Troyes où il observait et se questionnait encore sur ces comportements. On y trouve également des points communs avec la méthode Action-Type élaboré par Bertrand Theraulaz et Ralph Hippolyte.
Pour faire simple, il existe 2 grandes familles de motricité : Les Aériens (N) et les Terriens (S)
Les Terriens ont une motricité qui s’enclenche par le bassin, avec une attaque de la course par le talon, des chaines musculaires adductrices plus fortes et un référentiel visuel terrestre. Leur mode d’expression est plus dans la poussée concentrique, dans les crochets intérieurs, les frappes intérieures du pied…Exemples de Terriens : Ben Arfa, Nasri, Ibrahimovic, Matuidi…
Les Aériens ont, eux, une motricité qui s’enclenche par les épaules avec une attaque de la course sur la plante de pied, des chaines musculaires abductrices plus fortes et référentiel visuel aérien (ciel).
Leur mode d’expression est plus dans le rebond (pliométrie), les crochets extérieurs, les frappes coup de pied. Exemple d’Aériens : Cristiano Ronaldo, Messi, Bale, Mandanda…
Il est aussi remarquable de voir que chaque motricité est reliée à un type de personnalité (MBTI). La façon dont je bouge influence la façon dont je pense et inversement. On référence environ 192 types de profil selon plusieurs critères moteurs et psychologiques, sans parler de tous les apprentissages effectués dans l’histoire de l’athlète qui peut apporter une autre singularité.
L’idée est juste de remarquer les préférences motrices des personnes, de cerner un peu leur personnalité afin de proposer des exercices adéquats aux athlètes et en adoptant un dialogue qui lui parle. Par exemple, il ne faut pas s’étonner de voir des tendinites arriver chez des Terriens après des séances de pliométrie haute !
J’ai essayé de faire court mais c’est dur car je pourrais en parler des heures tellement c’est compliqué mais fascinant !

Si tu devais donner un conseil à des jeunes qui souhaitent s’orienter dans cette voie ?
De beaucoup s’investir, d’aimer le foot, d’aimer travailler en équipe, de continuer à enrichir ses connaissances, de rester humble (car on n’est pas un expert du jour au lendemain) et pour finir de toujours pensez que l’on entraîne des êtres vivants en perpétuel changement, alors ouvrez les yeux sur le terrain et pas seulement sur les livres !

Un grand merci à toi Sébastien, pour ta disponibilité, ton partage et la richesse des échanges ! Bonne fin de saison !!

12 avr. 2016

INTERVIEW (1) DE SÉBASTIEN RENAUD - PRÉPARATEUR PHYSIQUE DU CENTRE DE FORMATION ESTAC

Bonjour,

Aujourd'hui, je vous fais connaître un préparateur physique en poste depuis plus de 10 ans avec les jeunes au centre de formation de l' ESTAC à TROYES. Un préparateur physique qui partage, échange et s'intéresse toujours aux nouveautés, et qui m' a accueilli en toute simplicité pour mes stages. Une expérience significative qu'il nous fait le plaisir de partager...une mine d'informations à décrypter !!! Interview en 2 parties ! Bonne lecture à tous !

Peux-tu te présenter et décrire ton parcours jusque-là ? (parcours scolaire, diplômes, expériences professionnelles, etc…)
RENAUD Sébastien, 32 ans, né à Dijon, Marié, 3 enfants.
Je suis entraineur/préparateur physique du centre de Formation de l’ESTAC depuis juin 2005.
J’ai étudié à l’UFR STAPS de Dijon jusqu'en Master 1ère année avec en parallèle le Diplôme Universitaire de Préparation Physique du CEP de Dijon. J’ai eu la chance d’avoir comme Maître de Conférence Gilles COMETTI qui nous régalait à chaque cours d’anecdotes et d’expériences vécues, à chaque fois un Grand Moment !
En Master 1 et avec le DU nous devions faire un stage pratique et grâce M. Franck TAIANA, j’ai eu la chance avec un autre étudiant et ami de faire mon stage pratique à l’ESTAC (moi sur les 14 ans Fédéraux et la réathlétisation de l’équipe Professionnelle, lui sur les 16 ans et 18 ans Nationaux à l’époque). L’année d’après je me suis retrouvé seul pour tout le centre de Formation, toujours en tant que stagiaire/étudiant. On allait au club  Mardi/Mercredi/Jeudi et seulement en cours le vendredi donc j’ai « dû » redoublé mon Master 1.
En 2007/2008, je suis embauché et je passe mon BE 1er degré football en parallèle.
En 2011/2012, je passe et obtiens le Certificat Entraîneur Préparateur Physique (une excellente formation, et une très belle expérience enrichissante).

Pourquoi avoir choisi la filière préparation physique ?
Pour 2 raisons en fait : 
La 1ère c’est que je me suis très vite tourné vers l’entrainement des jeunes (dès 18 ans) et que j’ai vraiment eu l’envie de faire apprendre, progresser, former les jeunes donc d’être vraiment un entraîneur de football en 1er lieu.
La 2ème, c’est que je m’étais toujours demandé ce qu’il manquait en tant que joueur pour pouvoir passer le palier professionnel. Je jouais en 15 ans Nationaux au DFCO, j’étais plutôt en avance technique/tactique au début, étant même Capitaine, mais je voyais mes coéquipiers qui progressaient plus vite que moi, me rattrapaient et me dépassant même très largement pour certains. C’était frustrant et ces questions sont restées très longtemps dans ma tête jusqu'aux cours sur l’entrainement et la préparation physique aux STAPS. Là ça m’a éclairé et passionné !
Sachant qu’il est plutôt dur d’être entraîneur dans des clubs pro sans avoir été pro, je me suis tourné vers la PP me disant que c’était un excellent moyen d’être au contact de bons entraîneurs et d’apprendre avec. Et je ne le regrette pas du tout aujourd’hui !

Quelles sont les missions, la place et le rôle du préparateur physique dans un centre de formation d’un club professionnel ?
Les missions sont multiples car je suis seul pour plusieurs équipes. Cela apporte de bonnes et de moins bonnes choses dans la vie au quotidien.
Je mets en place les contenus nécessaires au développement des qualités physiques des groupes U17 et U19/CFA en fonction de la planification tactique définie par notre équipe d’éducateurs.
Je cherche à développer également les qualités individuelles propres à chaque joueur en fonction de leur profil énergétique, moteur et état de forme.
Je surveille et contrôle les charges d’entrainement du groupe U19/CFA à l’aide de marqueurs perceptifs afin de pouvoir réguler ces charges de manière collective ou individuelle.
Je prends en charge dès que possible la réathlétisation des blessés sur le terrain avant leur retour dans le groupe d’entrainement.
Je participe à l’éducation motrice de la préformation par des cycles de motricité, de coordination.

Quelles sont les qualités nécessaires pour être un préparateur physique ? Chez les jeunes ?
La qualité numéro 1 (pour moi) c’est d’être avant tout un coach de sa discipline. Il faut connaitre son sport, ses demandes pour être capable de donner des réponses adaptées à la spécialité aux coachs.
Deuxièmement, être hyper réactif et s’adapter aux mieux aux demandes des coachs ou une individualisation d’une situation pour un joueur.
Enfin, toujours accroître ses connaissances. On a toujours à apprendre de n’importe qui. Cela ne veut pas dire croire tout ce qu’on lit ou voit etc… mais prêter attention, s’informer, creuser et se faire son avis. Se dire : « ça j’y crois, ça me parle, je veux le faire » ou «  ça, oui peut-être mais dans mon contexte je préfère pas ». Il faut faire des choix, prendre des orientations. Philippe LAMBERT (adjoint et PP du PSG) nous disait : « Le PP est comme un cuisto. Son meilleur livre de cuisine c’est lui-même. Je connais différents ingrédients et je choisis ceux que je veux pour faire la meilleure sauce possible. »   
Après avec les jeunes, il faut être capable d’adapter son langage, son attitude pour créer du lien mais garder une certaine autorité car la PP c’est ce qu’ils détestent le plus dans le foot.

Qu’est ce qui te passionne le plus dans ton métier ? le moins ?
Ce qui me passionne c’est de participer à la construction et à l’évolution d’un homme. De travailler dans le sport que j’aime le plus. Et d’apprendre encore et toujours.
Les aspects négatifs sont les contraintes structurelles de notre club. On doit emmener et ramener les jeunes U19 au stade de l’Aube pour s’entraîner entre 1 et 2 fois par jour. On perd presque 1 heure dans les transports par jour, ça c’est usant.

Comment vois-tu la préparation physique dans 10 ans ?
Difficile à dire, car une nouvelle mode apparaît tous les 3-4 ans selon le club dominant le football mondial. Il y a eu le boom du travail intégré avec les espagnols et les portugais.
Il y a 5-6 ans c’était le début des GPS et maintenant de plus en plus de clubs en ont. Maintenant de plus en plus de clubs s’intéressent aux échelles RPE (Rate Perceived Exertion). En marge de ça, on voit apparaître chaque année une « nouvelle méthode révolutionnaire d’entrainement ».
Il faut rester prudent, à l’écoute de l’évolution des connaissances mais surtout se concentrer sur les demandes du jeu et de chaque type de jeu et prendre beaucoup de recul par rapport au Big DATA ! On peut faire dire n’importe quoi aux chiffres !

La 2ème partie de cet interview passionnant à venir...