Aujourd'hui, je vous fais connaître un préparateur physique en poste depuis plus de 10 ans avec les jeunes au centre de formation de l' ESTAC à TROYES. Un préparateur physique qui partage, échange et s'intéresse toujours aux nouveautés, et qui m' a accueilli en toute simplicité pour mes stages. Une expérience significative qu'il nous fait le plaisir de partager...une mine d'informations à décrypter !!! Interview en 2 parties ! Bonne lecture à tous !
Peux-tu te présenter et décrire ton parcours
jusque-là ? (parcours scolaire, diplômes, expériences professionnelles,
etc…)
RENAUD Sébastien, 32 ans, né à Dijon,
Marié, 3 enfants.
Je suis entraineur/préparateur physique du
centre de Formation de l’ESTAC depuis juin 2005.
J’ai étudié à l’UFR STAPS de Dijon jusqu'en
Master 1ère année avec en parallèle le Diplôme Universitaire de Préparation Physique du CEP de
Dijon. J’ai eu la chance d’avoir comme Maître de Conférence Gilles COMETTI qui
nous régalait à chaque cours d’anecdotes et d’expériences vécues, à chaque fois
un Grand Moment !
En Master 1 et avec le DU nous devions
faire un stage pratique et grâce M. Franck TAIANA, j’ai eu la chance avec un
autre étudiant et ami de faire mon stage pratique à l’ESTAC (moi sur les 14 ans
Fédéraux et la réathlétisation de l’équipe Professionnelle, lui sur les 16 ans
et 18 ans Nationaux à l’époque). L’année d’après je me suis retrouvé seul pour
tout le centre de Formation, toujours en tant que stagiaire/étudiant. On allait
au club Mardi/Mercredi/Jeudi et
seulement en cours le vendredi donc j’ai « dû » redoublé mon Master
1.
En 2007/2008, je suis embauché et je passe
mon BE 1er degré football en parallèle.
En 2011/2012, je passe et obtiens le Certificat Entraîneur Préparateur Physique (une excellente formation, et une très belle expérience enrichissante).
Pourquoi avoir choisi la filière préparation
physique ?
Pour 2 raisons en fait :
La 1ère c’est que je me suis
très vite tourné vers l’entrainement des jeunes (dès 18 ans) et que j’ai
vraiment eu l’envie de faire apprendre, progresser, former les jeunes donc
d’être vraiment un entraîneur de football en 1er lieu.
La 2ème, c’est que je m’étais
toujours demandé ce qu’il manquait en tant que joueur pour pouvoir passer le
palier professionnel. Je jouais en 15 ans Nationaux au DFCO, j’étais plutôt en
avance technique/tactique au début, étant même Capitaine, mais je voyais mes
coéquipiers qui progressaient plus vite que moi, me rattrapaient et me dépassant
même très largement pour certains. C’était frustrant et ces questions sont
restées très longtemps dans ma tête jusqu'aux cours sur l’entrainement et la
préparation physique aux STAPS. Là ça m’a éclairé et passionné !
Sachant qu’il est plutôt dur d’être
entraîneur dans des clubs pro sans avoir été pro, je me suis tourné vers la PP
me disant que c’était un excellent moyen d’être au contact de bons entraîneurs
et d’apprendre avec. Et je ne le regrette pas du tout aujourd’hui !
Quelles sont les missions, la place et le rôle
du préparateur physique dans un centre de formation d’un club
professionnel ?
Les missions sont multiples car je suis
seul pour plusieurs équipes. Cela apporte de bonnes et de moins bonnes choses
dans la vie au quotidien.
Je mets en place les contenus nécessaires
au développement des qualités physiques des groupes U17 et U19/CFA en fonction
de la planification tactique définie par notre équipe d’éducateurs.
Je cherche à développer également les
qualités individuelles propres à chaque joueur en fonction de leur profil
énergétique, moteur et état de forme.
Je surveille et contrôle les charges
d’entrainement du groupe U19/CFA à l’aide de marqueurs perceptifs afin de
pouvoir réguler ces charges de manière collective ou individuelle.
Je prends en charge dès que possible la
réathlétisation des blessés sur le terrain avant leur retour dans le groupe
d’entrainement.
Je participe à l’éducation motrice de la
préformation par des cycles de motricité, de coordination.
Quelles sont les qualités nécessaires pour être
un préparateur physique ? Chez les jeunes ?
La qualité
numéro 1 (pour moi) c’est d’être avant tout un coach de sa discipline. Il faut
connaitre son sport, ses demandes pour être capable de donner des réponses
adaptées à la spécialité aux coachs.
Deuxièmement, être hyper réactif et
s’adapter aux mieux aux demandes des coachs ou une individualisation d’une
situation pour un joueur.
Enfin, toujours accroître ses
connaissances. On a toujours à apprendre de n’importe qui. Cela ne veut pas
dire croire tout ce qu’on lit ou voit etc… mais prêter attention, s’informer,
creuser et se faire son avis. Se dire : « ça j’y crois, ça me parle,
je veux le faire » ou « ça, oui peut-être mais dans mon contexte je
préfère pas ». Il faut faire des choix, prendre des orientations. Philippe
LAMBERT (adjoint et PP du PSG) nous disait : « Le PP est comme un
cuisto. Son meilleur livre de cuisine c’est lui-même. Je connais différents
ingrédients et je choisis ceux que je veux pour faire la meilleure sauce
possible. »
Après avec les jeunes, il faut être capable
d’adapter son langage, son attitude pour créer du lien mais garder une certaine
autorité car la PP c’est ce qu’ils détestent le plus dans le foot.
Qu’est ce qui te passionne le plus dans ton
métier ? le moins ?
Ce qui me passionne c’est de participer à
la construction et à l’évolution d’un homme. De travailler dans le sport que
j’aime le plus. Et d’apprendre encore et toujours.
Les aspects négatifs sont les contraintes structurelles de notre club.
On doit emmener et ramener les jeunes U19 au stade de l’Aube pour s’entraîner
entre 1 et 2 fois par jour. On perd presque 1 heure dans les transports par
jour, ça c’est usant.
Comment vois-tu la préparation physique dans 10
ans ?
Difficile à dire, car une nouvelle mode
apparaît tous les 3-4 ans selon le club dominant le football mondial. Il y a eu
le boom du travail intégré avec les espagnols et les portugais.
Il y a 5-6 ans c’était le début des GPS et
maintenant de plus en plus de clubs en ont. Maintenant de plus en plus de clubs
s’intéressent aux échelles RPE (Rate Perceived Exertion). En marge de ça, on voit apparaître chaque année une
« nouvelle méthode révolutionnaire d’entrainement ».
Il faut rester prudent, à l’écoute de
l’évolution des connaissances mais surtout se concentrer sur les demandes du
jeu et de chaque type de jeu et prendre beaucoup de recul par rapport au Big
DATA ! On peut faire dire n’importe quoi aux chiffres !
La 2ème partie de cet interview passionnant à venir...
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